Dans la médecine du travail, nous nous occupons
de l'interaction travail-individu au sens large.
Un ouvrier qui soulève des charges lourdes et développe
des lombalgies, un boulanger avec une allergie à la farine et un comptable mal
installé devant son matériel informatique avec des TMS sont des situations
courantes dans notre métier. Il s'ajoute un nombre croissant de RPS à cause de
pression, de surcharge d’activités et de conflits au niveau professionnel.
Avec les surdoués, ce n'est pas vraiment
différent mais plus difficile à déceler. Il faut "creuser" un peu.
De nombreux surdoués rencontrent des problèmes
plus ou moins importants dans leur vie professionnelle.
Le sujet devient presque une question
philosophique : considérons-nous un surdoué "inadapté au
travail" ou "le travail inadapté au surdoué" quand les choses se
passent mal ?
Souvent les salariés présentent des signes de
"burn-out": ils acceptent une surcharge de travail illimitée, ils ne
savent pas s'arrêter, ils s'investissent trop, jusqu'à l'épuisement, puis ils
n'arrivent plus à faire face aux exigences (perçues) du travail. Les signes
peuvent être somatisation, dépression, excitation, dépersonnalisation et
fatigue. Avec un surinvestissement suivi par un décrochage via arrêts maladies
de plus en plus fréquents ou longs.
Le retour après arrêt de travail peut aussi
devenir une source croissante de conflits au travail. La personne est vue comme
agressive, chaotique ou le contraire, moins motivée, passive et de plus en plus
renfermée.
Les surdoués peuvent également vivre un phénomène du "bore
out": décompensation par l'ennui: le sentiment d'un travail inutile,
ennuyeux et peu intéressant.
L'impossibilité de prendre du recul, le fait de
« ruminer » les problèmes, la frustration, l'auto-culpabilisation, le
sentiment de solitude allant jusqu'aux idées noires sont souvent vues en
consultation.
Il est utile de questionner le salarié. Par
exemple, vous pouvez lui demander :
−
quel
est le contenu de son travail,
−
comment
il vit son travail : intéressant, utile, possibilités de se développer,
autonomie,
−
s'il
vit des conflits de valeurs, des conflits éthiques,
−
comment
il perçoit son entourage et notamment sa hiérarchie,
−
s'il se
sent en souffrance au travail,
−
quel est son "cursus laboris": sur quels
postes / dans quelles entreprises il a travaillé avant, avec quel résultat. Souvent
il a vécu des "échecs professionnels" dans le passé, ou il a effectué
un parcours atypique,
−
quel
parcours scolaire il a effectué.
Attention aussi aux résultats
excellents au collège ou lycée (notes élevées et sauts de classe), aux
multiples cursus, mais aussi aux problèmes que peuvent vivre les enfants précoces : ennui,
hyperactivité, distractions / rêverie, abandon d'études, échecs scolaires.
Comme décrit dans le tableau dans l’article « Les
pièges pour les surdoués », l'entourage professionnel peut avoir une vision très
différente sur le fonctionnement de la personne. Il peut être intéressant de
récupérer l'avis de ce dernier.
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